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Ces bulletins de vote anonymement xénophobes...

ADR 3fev MQJ.jpgImagine 300 étudiants réunis dans l’aula d’un gymnase pour visionner un documentaire intitulé Au-delà des rêves (2009) : une heure de témoignages d’immigrés sénégalais venus chercher l’eldorado en Italie, en France ou en Suisse. Imagine ce documentaire projeté dans une quarantaine de villages sénégalais pour évoquer les déceptions qui attendent en Europe ceux qui veulent à tout prix se sauver en pirogues.

Sans m’attarder sur la qualité du documentaire, j’aimerais raconter ici ce qui a suivi la projection : une heure et demie de questions aux réalisateurs, lentement remplacées par un débat houleux, enfin l’intervention d’une étudiante :

- Il faut que ces gens s’intègrent. Les bons immigrés, ça va, mais ceux qui, en Suisse, s’habillent à l’africaine, comme dans votre film, ouste !

Tollé d’indignation, "facho!", huées de protestation, "raciste!", 299 étudiants se lâchent contre la camarade aux propos… courageux.

Peu importe que cette étudiante ait répété les mots de ses parents, sans les digérer. Ou que ce genre de discours s’entende dans tous les cafés du commerce. Ce qui m’a secoué, c’est la réaction de l’extrême majorité des étudiants.

Combien n’ont pas osé soutenir leur camarade ? Combien d’autruches ensablées pour combien d’humanistes en herbe ? Comment diable se fait-il que cette jeunesse-là, bientôt, se diluera dans la société frileuse qui est la nôtre? Combien d’entre eux engageront des immigrés clandestins, tout en voulant plus de souplesse en matière d'immigration ?...

Ce consensus angélique (pour employer un terme en vogue), cette autocensure bien-pensante rappellent celle qui a sévi dans les médias avant la votation des minarets. On génère de la xénophobie, en la rendant taboue. A force de servir aux jeunes du "multiculturel" à toutes les sauces, ils en ont perdu le sens. Ils ont oublié que la tolérance, c’est la capacité d’accepter... ce qu’ils désapprouvent.

"Je ne suis pas d'accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire", disait le philosophe. La tolérance, c’est reconnaître qu'une chose est un mal, et l’accepter, sachant que combattre ce mal engendrerait un mal plus grand encore. Ce plus grand mal, c’est une étudiante privée de liberté d'opinion. Même si cette dernière est infondée. Surtout si elle est infondée ! Car la frustration se convertira en peur, en haine. Pire, en bulletin de vote anonyme.

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