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Ce Rhône qui devrait nous réunir

C’était le «projet du siècle», 162 kilomètres de travaux, 4 milliards de budget, «un exemple au niveau européen»… Le rêve a pris l’eau.

IMG_2352 copie.jpgCe fleuve est à notre image. Il est tout à la fois montagnes, suissitude, mer, Antiquité commune. Il fait du Léman, cette gouille coincée entre les Alpes et le Jura, une plateforme d’ouverture sur le monde. Il est le trait d’union entre la Suisse et la France, mais aussi entre le Valais et Vaud. On se baigne dans la même eau. On est ensemble, solidaire.

Un projet a ainsi patiemment mûri pour fédérer nos destins: la 3ème correction du Rhône. Hélas, on apprend que le Conseil d’État valaisan ne marche plus dans la combine, qu’il préfère corriger «sa» correction, qu’il abandonne les Vaudois.

Pour quels motifs veut-on brusquement anéantir le fruit de vingt années d’études, négliger des conclusions validées à chaque étape par les deux cantons, l’avis d’une trentaine de bureaux et de douze experts externes? Comment une seule analyse, exhibée subitement début 2024 – et venant d’un bureau spécialisé dans le développement… immobilier – a pu briser l’élan?

On parle de coûts non maîtrisés, de surévaluation des risques de crues. On s’empresse d’opposer agriculteurs, qui refuseraient de céder des terres, et militants écologistes, cherchant à «renaturer» à tout prix.

Et s’il y avait une autre raison? Une cause sommeillant sous la terre, tout près du Rhône? Quelque chose qu’il vaudrait ne mieux pas révéler?

Quand on a commencé les travaux, dans la région de Viège, une substance cancérigène (de la benzidine) s’est retrouvée dans le fleuve. On était proche de la décharge de Gamsenried, là où Lonza a enterré ses déchets chimique entre 1918 et 1978. Depuis dix ans, des analyses mettaient pourtant en garde les autorités, mais on a préféré se taire, et faire taire ceux qui souhaitaient parler, pour ne pas avoir à assumer des travaux d’assainissement coûteux et chronophage.

Près de Sierre, même problème, à l’ancienne décharge d’Alusuisse : des travaux ont également provoqué le lessivage de fluor, de cyanure.

Ce scénario allait se répéter à proximité des décharges non assainies de Chippis, de Martigny, de Collonges, de Monthey, de…

Amies et amis valaisans, votre Rhône, c’est aussi le nôtre. On n’est pas seulement voisins, on est riverains. Merci donc de nous dire la vérité. De nettoyer ces rives, au frais des industriels responsables. Et s’il le faut, d’assainir aussi… vos autorités ? Car lors de la prochaine catastrophe, la pollution ne s’arrêtera pas – contrairement à la 3ème correction –au goulet de Saint-Maurice.

(Journal de Morges, 14.6.24)

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