Chaque journal télévisé est une preuve supplémentaire de la mort de l’ancien monde. Un basculement. Comme en 2001, comme en 1989, comme en 1933. Des décisions irréversibles qui nous propulsent dans une nouvelle réalité : post-Occident, post-démocratie, post-Nations-unies. Le 21e siècle commence vraiment.
Le climat ? Plus du tout une priorité. Les Droits de l’Homme ? Allez en parler aux Gazaouis. L’ONU ? Une vieille machine en panne. L’OMS ? Des malades au Sud et des médicaments au Nord. La Cour pénale internationale ? Voyez ce criminel de guerre israélien visiter tranquillement son vieux pote hongrois.
Non, ce qu’il nous faut maintenant, c’est des punchlines à la gloire de la Nation, des diatribes anti-système, des mensonges à foison et des milliards pour le réarmement, la conquête de l’intelligence artificielle.
Les lois ? Il suffit d’être fort.
Nous voilà prisonniers d’un grand damier d’échec, avec deux empereurs qui s’entendent de mieux en mieux, l’un qui a fait « échec » à l’Ukraine, l’autre qui attaque avec ses fous, se persuade que le Groenland est à lui. Et déjà, un troisième tyran se dit qu’il serait temps d’envahir Taïwan.
Chaque jour, une nouvelle crise s’ajoute à celle de la veille et rend le monde encore plus imprévisible, dangereux.
Voilà pourquoi il est urgent… de souffler un peu, prendre du recul, garder la tête froide en se détournant des événements spectaculaires. Car l’Histoire n’a jamais été écrite par des individus, aussi riches et puissants soient-ils, par ce genre de voyous machiavéliques qui dirigent leur pays comme des entreprises.
Tout seul, un businessman, aussi doué soit-il, n’aurait jamais pu faire sombrer les États-Unis. C’est le fruit d’une lente dégradation structurelle, mondiale. Ce nouveau type de tyrans est la conséquence logique de décennies de mauvais choix : résurgence des nationalismes, esprit revanchard, érosion de l’ordre international, toute-puissance des géants du numérique, perte du débat démocratique.
Pourtant, je reste persuadé que ces transformations globales ont leurs racines… dans le local. Alors peut-être n’est-il pas trop tard pour « rabibocher » cette société, réalimenter la discussion, éviter la politique-spectacle et ne pas avoir honte de défendre des valeurs comme la tolérance, l’égalité, la justice.
Bref, se mettre ensemble pour le bien commun, au quotidien, autour de soi.