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Le dernier livre de Pierre Baumgart !

Demandez-lui, peut-être vous le montrera-t-il, ce petit carnet noir avec une étiquette comme on en collait sur les cahiers d’écolier, ce sont ses premières archives. Sur la première page, une date : 10 juillet 1980. Pierre a 11 ans, il note avoir observé aux Étoles, près de Jussy, dans la campagne genevoise, une pie-grièche écorcheur, une buse variable et déjà… un milan noir.

Trente-six ans ont passé, juillet 2016, vous buvez le café dans son atelier de gravure, en plein centre-ville, quand soudain… le chant du milan noir ! Pierre sourit, c’est la sonnerie de son téléphone.

Comment dire.

ce-couple-de-milans-noirs-renovent-1800x1136.jpgÀ 14 ans, Pierre faisait son premier voyage ornithologique, en Scandinavie. Puis ce fut l’Espagne pour les loups, les Pays-Bas pour les oies sauvages, la Norvège pour les combattants, la Roumanie pour les ours bruns, les îles Shetlands pour les loutres, le Canada pour les baleines, le Spitzberg pour les ours blancs, dernièrement le Costa Rica pour les tortues luth.

Aujourd’hui, Pierre croque volontiers la faune de sa ville natale, des animaux dont tout le monde se contrefout puisqu’ils ne sont ni mythiques ni exotiques, pas même menacés, et gratuits. C’est le contraire du wild-budiness des voyages naturalistes et des documentaires animaliers.

Entre mars et juillet, depuis six ans, vous le verrez ainsi presque tous les jours installer son télescope à trépied à cinq minutes à pied de chez lui, sur une passerelle piétonne qui enjambe le Rhône, reliant le quartier de Saint-Jean au Bois de la Bâtie. Il dessine « sa » femelle milan noir. C’est qu’il entretient avec elle une relation suivie. D’année en année, il consigne sous forme de croquis chaque étape de sa vie, le retour en Suisse, les réparations du nid, les parades, la couvaison, le nourrissage.

Il retrouve l’émoi de ses 11 ans, quand son champ d’observation se limitait à son quartier, sa campagne, qu’il commençait à reconnaître les oiseaux, à leur donner un nom, un sexe, un âge, à apprendre leurs cris, leurs habitudes de reproduction, leur zone de migration.

La discrète femmelle qu’il voit dans sa lunette voyage à sa place. Deux fois par année, elle parcourt 4’000 kilomètres, en solitaire, sans assistance extérieure. Elle a côtoyé des flamants roses, des cachalots, des dauphins, des girafes, des crocodiles, des gazelles, des babouins, des hippopotames…

Elle est un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, deux continents irréconciliables, un symbole fort en cette époque de méfiance envers les flux migratoires.

Un symbole si fort que Pierre n’a pas résisté à la suivre, en France, dans les Pyrénées, en Espagne, au détroit de Gibraltar, jusqu’au Sénégal oriental, dans le Parc du Niokolo Koba.

Il est revenu avec des centaines de croquis, quelques aquarelles et une question destabilisante : Le milan noir est-il un oiseau européen qui gagne l’Afrique pour fuir l’hiver ou un oiseau africain qui rejoint sa savane au plus WEB_Milan-Noir.jpgvite après avoir niché dans des pays plus tempérés ?

 

Pierre Baumgart, En suivant les milans noirs,

édition Terre&Nature, décembre 2016.

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