La bonne nouvelle, c'est que grâce à Baha Taher et Alaa El Aswany, entre autres, les Cairotes sont devenus des personnages de romans (le café où aimait écrire Naguib Mahfouz est pris d'assaut par les touristes). La mauvaise nouvelle, c'est que les Egyptiens ne sont pas devenus des lecteurs de romans. Le marché du livre égyptien est en effet bien timide pour un pays de 80 millions d'habitants. C'est qu'en Egypte, il y a d'autres pages à tourner - plus urgentes – lorsqu'on fait la file des heures pour acheter du pain subventionné, qu'on travaille le jour comme comptable et le soir comme taxidriver, qu'on prévoit pour aujourd'hui dimanche, anniversaire du président, un remake du 6 avril dernier, avec son lot de grèves, de manifestations, d'arrestations et de bastonnades...
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...au Caire, la Fondation Pro Helvetia m'a mis à disposition le plus confortable des caravansérails, une résidence d'écriture pour achever mon prochain bouquin. Sur le toit de mon immeuble, au 30 de la rue du 26 Juillet, s'entassent sous des barraques de fortune une dizaine de familles sans le sou. Mais me remettre à écrire. Sans me demander si l'écriture est vraiment un acte de résistance.