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Comment sommes-nous devenus si cons ?

Ils sont 200'000 à s’être précipités dans un kiosque (parfois une librairie) pour se désennuyer en essorant le torchon vengeur de la cocue présidentielle.

Bentolila.jpgHasard du calendrier, le règlement de compte de Valérie Trierweiler, l’ex Première dame de France, sortait en même temps que le nouvel essai du linguiste Alain Bentolila : Comment sommes-nous devenus si cons ?. Son titre provocateur contredit une étude bien ficelée, basée sur des enquêtes de terrain.

L’auteur s’en prend à toutes les formes de paresse intellectuelle. Il commence par épingler la « grande anesthésiste », la télévision, son culte du prévisible, du déjà-vu, du déjà-su, la perte du désir de l’inconnu. Il en veut aux animateurs de débat qui interdisent à leurs invités les développements trop longs et trop compliqués. « La petite anecdote, le coup de gueule péremptoire sont les modes d’expression les plus appréciés ; ils sont ce qui va faire de vous un bon client et vous assurer de fréquentes invitations sur les plateaux. »

Autre cheval de bataille, les discours politiques actuels : la peur de lasser, de ne pas être compris, de ne pas aguicher, le ton populiste, complaisant ou scandaleux, la rhétorique sirupeuse qui déresponsabilise, « enfume » et « euphémise ».

Alain Bentolila dénonce les travers d’une société de l’immédiat qui méprise la complexité, l’écoute de l’autre, la contradiction. D’une école qui n’enseigne plus le goût de l’effort, de la pensée méticuleuse, laborieuse et méthodique. Des nouvelles pédagogies qui se persuadent depuis trente ans que l’élève construit lui-même son savoir, au gré de ses désirs et de ses envies.

« Nous sommes devenus cons parce que nous avons renoncé à cultiver notre intelligence commune comme on cultive un champ pour nourrir les siens. Oubliés le questionnement ferme, le raisonnement rigoureux, la réfutation exigeante, toutes activités tenues aujourd’hui pour ringardes et terriblement ennuyeuses. »

Merci, Valérie Trierweiler, pour ce moment de détente qui fait oublier, 320 pages durant (un très long Paris Match), les vrais enjeux de la politique !

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