Refus de l’initiative sur le renvoi des criminels étrangers
Il serait déplacé de crier ici ma joie. Pourtant… c’est une quadruple bonne nouvelle !
D’abord, pour la responsabilisation citoyenne. La participation nationale est la plus forte depuis 1992 ! Et merde pour ceux qui ont dit : ça sert à rien, c’est toujours les vieux et les Suisses-allemands qui décident.
Ce vote montre aussi un beau sursaut démocratique. L’électorat a su résister à la récupération, la falsification, la simplification, les tout-ménages nauséabonds, les affiches qui font gerber. Il a écouté, lu, réfléchi et simplement confirmé son attachement pour la séparation des pouvoirs, l’égalité devant la justice et le respect des droits humains.
A l’heure où l’Europe se barricade et multiplie les mesures radicales, extrémistes, la Suisse fait souffler une petite brise d’espoir. Elle dit sa solidarité envers ses « étrangers », c’est à dire envers le quart de sa population (qui n’a pas le droit de vote). Elle remercie ses voisins segundos, ses collègues terceros, ceux qui font les petites tâches ingrates et ceux qui creuseront le deuxième tube.
Enfin, cette votation a pris un visage inattendu : l’humour. Contre les millions du parti de la peur, le peuple a su s’approprier la campagne en se montrant créatif. Outre les appels et les pétitions, il y a eu des centaines de vidéos publiées en lignes, drôles et intelligentes, comme celles de Thomas Wiesel, des détournements d’affiches (« Ma femme vote UDC. Voter UDC n’est pas une fatalité. Parlons-en ! 0800/787.832 ») ou de slogans (« Pour mieux protéger nos femmes et nos filles… commençons par les élire ! »), des parodies de livres pour enfants (MARTINE apprend qui sera renvoyé). La palme revient à un dessin de Patrick Chappatte montrant un juge blochérien demander à l’accusé : Vous plaidez étranger ou non-étranger ?
Alors, même si cela est déplacé, pour ce 28 février, je crie : WHOOPEEEE !!!