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  • Désobéir parfois

    Les réfugiés hébergés par le Collectif R depuis un an dans le sous-sol de l’église réformée Saint-Laurent, à Lausanne, ont dû « migrer », une fois de plus, vers la chapelle catholique Mon-Gré.

    Courageux Gabriel Pittet, l’abbé en charge de de cette paroisse. Très vite, ses supérieurs hiérarchiques ont déploré ce partenariat avec un collectif aux méthodes jugées trop radicales. Et bientôt peut-être, l’Etat s’opposera à cette « incitation au séjour illégal ».

    L’abbé, lui, se contente de citer Saint Pierre : « Il faut plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes ». Le mois dernier, il a vu son pape accueillir au Vatican trois familles syriennes…

    On peut l’accuser d’angélisme (mot fétiche de ceux qui trouvent plus raisonnable et pragmatique de ne rien faire) ou de naïveté (le terme employé par Philippe Leuba pour qualifier le collectif R). En partageant l’intimité des réfugiés, l’abbé ne les voit plus comme un indice statistique de ce que l’on appelle « crise migratoire », ou « fardeau de l’asile ». Ce ne sont plus des migrants en situation de renvoi, des non-entrées en matière, des cas Dublin. Ils retrouvent un prénom, une histoire, une famille, un projet de vie.

    Essayez ! Voilà une femme, 21 ans, née dans la Corne de l’Afrique, son père a dû s’exiler en Suisse, sa mère l’a abandonnée, la police l’a tabassée, violée. N-a-t-elle pas le droit de rejoindre son père ? Et le père, habitant Lausanne depuis quinze ans, qui travaille, parle français et paie ses impôts, n-a-t-il pas le droit de vivre avec sa fille ? Cette dernière vient de recevoir son plan de vol…

    L’Histoire montre qu’il faut (aurait fallu) parfois désobéir, refuser d’être complice, ne pas appliquer aveuglément des lois, si elles sont arbitraires, violentes, injustes et indignes. Comme le sont les accords de Dublin.

    Cela éviterait qu’à l’avenir, dans quelques dizaines d’années - quand les historiens auront étudié cette triste période pendant laquelle l’Europe tout entière a fermé sa porte aux victimes de guerres dont elle est en partie responsable - nous ayons un petit peu honte.