Il paraît que le tourisme lent est en vogue, et que Morges sera en 2020 la première et unique slow destination de Suisse.
Alors, après un plat de « slow food » aux câpres à la pinte du XXe siècle, tu rejoins la gare de ta « slow city » de Morges pour entreprendre un « slow travel » éco-responsable jusqu’à L’Isle.
Tu y découvres, ébahi, les origines de ta « slow attitude » ; au Chaudron, source vauclusienne à la lumière bleue, irréelle, tu vois en effet naître la plus « slow » des rivières ! « Car au lieu de prendre au plus court, elle fait de puissants détours », insinuait déjà Jean-Villard Gilles, d’une voix nonchalante.
Séduit, tu la suis. Tout gentiment. D’abord, le bassin stagnant du château de L’Isle, puis les villages endormis de Cuarnens, Ferreyre. Tu rejoins la Tine de Conflens, un lieu idéal pour le picnic, pardon, le « slow food », et l’apéro, pardon, le « slow wine ».
Requinqué, tu t’en vas, direction Eclépens, et là, sans crier gare, la rivière s’emballe ! Plus un seul méandre sur 6 kilomètres ! Tu allonges le pas, clopin-clopant, peinant à suivre la digue rectiligne, et crois rêver quand tu vois passer, sur l’autre rive… un TGV ! C’est le tronçon de la honte. Le moins durable, le moins « earth friendly ». Normal, c’est le seul bout de Venoge qui sort de ton « slow district» !
A hauteur de Penthalaz, tout rentre dans l’ordre, le calme et la volupté. Tu te hâtes lentement le long de ta frontière orientale. A Echandens, la Venoge s’industrialise peu à peu, mais suit tranquillement son cours. Entre Denges et Saint-Sulpice, tu surprends un héron impassible, un pêcheur apathique et même une plage de sable où t’autoriser enfin une petite sieste, pardon, un « slow sleep ».
PS : Slow ou pas slow, et plus sérieusement, les amoureux de la Venoge doivent absolument découvrir le travail du photographe Chris Blaser. Ses clichés subaquatiques de la rivière étaient présentés cet été à Bremblens aux Jardins de la Photographie. Jetez-y un œil : chrisblaser.com !