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Mausolée morgien au sommet du monde

Quel est le point commun entre le Kanchenjunga (8’586m), «Sergent Pepper» des Beatles et un billet de 1’000 francs ?

- Le Morgien Alexis Pache.

 

En 1905, Alexis a 31 ans, il vit à Morges, il a la bougeotte. Il est allé se battre contre les Anglais durant la Guerre des Boers, en Afrique du Sud. Il n’est pas guéri.

Le 3 juillet, il prend un train pour Marseille, en compagnie du photographe neuchâtelois Jules Jacot-Guillarmod, qui a récemment tenté l’ascension du K2. Ils rêvent d’une première ascension du Kanchenjunga, tout à l’est du Népal.

Ils traversent la Méditerranée à bord du Dumbea, franchissent le canal de Suez, débarquent à Bombay et prennent un train pour Calcutta. Ils retrouvent à Darjeeling un jeune bourlingueur anglais, Aleister Crowley. Alpiniste à ses heures, ce riche héritier s’adonne volontiers aux sciences occultes, à la magie noire. Ses écrits connaîtront une telle notoriété que les Beatles le feront figurer sur la pochette de l’album «Sergent Pepper»...

C’est parti, avec 230 sherpas, direction le camp I, le glacier de Yalung, le camp II, III, IV. La face sud du Kanchenjunga se profile… mais le 1er septembre, les marches creusées dans la neige sont trop glissantes pour les «chaussures tibétaines» des porteurs. Trois d’entre eux chutent, entrainent Alexis Pache avec eux, et déclenchent une avalanche. Jacot-Guillarmod écrira dans son journal:

- Avec nos mains nues, nous essayons de creuser la neige mais elle est comme du ciment et nous ne parvenons pas à creuser plus d’un demi-mètre. La nuit est là. Nous sommes éreintés. Nos camarades de cordée sont bien morts...

 

On retrouve le corps du Morgien trois jours plus tard. On l’enterre, la tête orientée vers le nord. On construit un petit mausolée de pierres. On y grave une épitaphe, encore visible aujourd’hui.

Et puisqu’un Morgien en appelle toujours un autre…

Pache emportait avec lui des éprouvettes. Il avait promis à un ami de lui ramener des fourmis. Cet ami, passionné de myrmécologie, Morgien lui aussi, n’était autre qu’Auguste Forel, dont le portrait a figuré sur les billets de 1'000 francs.

Après la mort de l’alpiniste, on retrouvera dans ses affaires deux éprouvettes contenant des fourmis himalayennes. On les transmettra à Forel. Une espèce porte désormais le nom de Myrmica Pachei.

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