Dans ma boîte aux lettres ce matin, un tout petit livre en forme de brochure, une pépite… en marge des 6'000 figurants, 400'000 spectateurs et 100 millions de budget de la Fête des Vignerons.
Mes quatre Fêtes racontées à mes petits-enfants, un ouvrage artisanal de douze pages A4 agrafée en leur milieu, un récit illustré, intime, touchant, à taille humaine.
Il y a un mois, j’avais reçu le courriel matinal d’une Veveysanne. Elle me racontait sa nuit d’insomnie après avoir lu mon livre-jeunesse Jour de Fête. Elle était très déçue qu'aucun de ses quatre petits-enfants, âgés de 15 à 20 ans, ne participe à l’événement, prétextant que les répétitions étaient incompatibles avec leurs études : « Par contre, pour faire la teuf, comme vous dites dans le livre… ».
Au milieu de la nuit, elle avait décidé d’écrire son propre livre, de raconter « ses » quatre Fêtes. À 5h30 le lendemain matin, le premier chapitre était né.
Ce matin, grâce à Maryse de Micheli, je revis la Fête de 1955. Elle avait 11 ans, jouait une Page de la vigne, portait un costume avec une cagoule verte pour le printemps, brune pour l’automne. Elle recevait chaque jour un sandwich et un bon boisson. Son père avait été engagé au dernier moment comme Bohémien, étant le seul à pouvoir maîtriser un cheval trop caractériel ; il avait fallu lui coudre un costume la veille de la première. Sur une photo noir-blanc, on la voit posant fièrement dans son costume.
En 1977, elle était jeune mariée, jeune maman, jeune enseignante. À sa grande déception, elle ne fut pas retenue comme figurante. Mais un jour, un prof de dessin débarque dans sa classe pour lui demander une boîte de craie : c’est Jean Monod, le scénographe de la Fête. Il lui parle d’un couple qui vient de se désister. Les voilà engagés, elle et son mari, comme danseurs dans la troupe des Vignerons de l’été… alors que son Francis ne savait pas faire une valse !
En 1999, Maryse est figurante dans la foire de la Saint-Martin. Il lui faut vingt minutes pour entrer dans son costume : trois jupons, un corset, une blouse, un gilet, un fichu et un manteau.
Dans ce petit livre, elle raconte aussi comment, le 18 novembre 2013, elle devient enfin Consoeur de la Confrérie des Vignerons. Il y une photo de son certificat et ces mots d’un autre temps : « Grand-papa Charly était plutôt contre ; pour lui, cela devait rester une affaire d’hommes. Il n’imaginait pas Didine, pourtant la femme de sa vie qu’il adorait, l’accompagner à la Confrérie ».
Le dernier chapitre évoque les préparatifs de ce printemps 2019... Vous pourrez en effet l’applaudir le mois prochain dans l’arène, durant le tableau de la Saint-Martin !
Sur la dernière page, on la voit sur le canapé de son salon, entourée de ses quatre petits-enfants :
Voilà ce que j’ai voulu vous faire partager : ma joie d’avoir pu participer à une quatrième Fête. Comme nous saurons à quel spectacle vous assisterez, sachez que c’est pour vous que vos grands-parents vont se donner à 100% ! Je vous aime.
Enfin, dans les remerciements, ses parents :
Pour avoir rempli mon bulletin d’inscription en 55. Baby-sitters en 77 et cuisinier en 99. Ils seront dans mon cœur en 2019.