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Al-Hoceima : pêche, cinoche et Real

Il pleut à l’intérieur d’un bus qui se traîne vers la mer. La pluie goutte sur différents sièges selon si le bus monte ou descend, et puisqu’il n’est pas plein, les passagers jouent à la chaise musicale. Sans musique, sinon celle d’un moteur de 1988. Faisant de puissants gestes à mon voisin, j’ai le temps de regretter de ne pas avoir appris l’arabe. Non, je n’ai pas le temps. Le bus tombe en panne.

Suite du voyage en taxi collectif – trois devant, quatre derrière – lecture coranique plein tube et, du Rif à la Mer, paysages absolument magnifiques (pas de photos, mais ma parole). A quelques kilomètres d’Al-Hoceima, une dizaine de policiers s’affairent autour d’un radar portatif. Journée Nationale de la Sécurité Routière. Argument plus percutant : un camion en mauvaise posture paralyse la route.

AL-HOCEIMA Après les "ports à containers", quel plaisir de flâner dans un vrai port de pêche. Des caisses à poisson de taille plus humaine, un chantier naval bordélique, des marins qui achètent des clopes au détail en râlant à cause de la météo ou du prix de la sardine... Les embarcations regagnent le port au premier "Allah akbar", pour l’Al-Fajr. Commence alors la vente aux enchères "à la criée" dans la halle aux poissons. Le stock, plus maigre que de coutume, engage des bousculades plus agressives que de coutume. En milieu de matinée, il ne reste sur les docks qu’une dizaine de vendeurs isolés. Ils monnaient ce qu’ils ont chapardé pendant la vente en gros... Contre le soir, rebelote, une montagne de caisses vides et une vingtaine d'hommes sur le pont, de la  glace dans la soute et le soleil qui se couche…

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Ces marins étaient en grève jusqu’à hier.

Un accord vient d’être signé avec le ministère de la Pêche visant à alléger la hausse du prix du gazoil, aujourd’hui à 7,8 dirhams le litre (CHF 1.-).

Le ministère leur a promis un plafond à 5 dirhams...

Suite au tremblement de terre du 24 février 2003 - 570 morts dans la région - certains villages manifestent encore aujourd'hui à Rabat, parce qu'ils n'ont pas été dédommagés par le gouvernement. Comme promis...

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Et maintenant ? Que font ceux qui restent à quai ? Au Gran Cinema, le seul de la ville, le film indien sous-titré français-arabe ne séduit qu'une dizaine de personnes... Le patron accuse la vente de DVD (15 dirhams, contre 8 pour une séance) et craint de bientôt suivre le sort du second cinéma de la ville : une ruine. Faudrait-il changer la programmation ? Il n'a pas le choix. Les films occidentaux sont trop chers.

Les jeunes, ils restent chez eux ou font "la promenade du parc". Cet été, en cet endroit, s’inaugurera la nouvelle Place Mohammed VI. Les palissades du chantier parlent d'une future "Place des parfums du nord"...

Certains jeunes préfèrent se retrouver en masse au bar Nejma. La consommation n'y est pas obligatoire et un écran géant - un drapeau marocain sur le poste et un portrait du roi sur le mur - ne propose pas ce soir, comme d'habitude, des films indiens, mais le match Madrid-Rome. Le bar, plein à craquer, a dû ajouter un petit téléviseur sur la terrasse. Des cris. A nombre égal pour chacune des deux équipes. Des cris et des enfants qui vendent des amandes, des cacahouètes et des cigarettes de contrebande... 

Non, pas une femme.

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