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Un pied dans le passé...

... et l'autre dans le présent, "entré dans la mondialisation par effraction", disent certains. Pris dans la médina d'Oujda, ce cliché fait échos à quatre "news" captées pendant mon séjour marocain. Aussi anecdotiques que révélatrices :

     - Le Maroc boycottera le prochain Salon du Livre de Paris. Argument avancé, la littérature israélienne sera à l'honneur. Comme pour faire contre-poids, la deuxième édition du Festival Méditerranéen des Ecrits de Femmes se déroulera à Rabt en avril prochain...

     - Le 14 février dernier mourrait dans sa cellule Ahmed Nasser, 95 ans, condamné à 3 ans de prison ferme pour avoir "maudit verbalement" son pays...

     - A Targuist, petite ville du Rif, un jeune a filmé des gendarmes en flarant délit de corruption et a mis la vidéo sur le site Youtube : coupables condamnés et mesures prises "d'en haut" pour freiner l'économie souterraine...

     - Fouad Moustada, un ingénieur de 26 ans, risque toujours 5 ans de prison ferme pour s'être présenté sur le site de rencontre Facebook sous le nom du Prince Moulay Rachid...

A Tétouan, j'écrivais à côté d'un Marocain à la retraite qui tenait son propre blog politico-sportif, en arabe. A Chefchauen, à côté de deux jeunes Marocains consciencieusement occupés à séduire une Madrilène, via Skype. A Al-Hoceima - cris de joie et éclats de rire - un Marocain apprenait que son meilleur ami avait réalisé son rêve : atteindre Londres. Partout, des discrets, en fond de salle, consultent des sites pornographiques, alors que des femmes mariées s'entretiennent avec leur "cyberamant" marocain. Tout cela entre deux coupures d'électricité...

J'avais découvert le Maroc en 1996, sous l'ère Hassan II. Ces derniers jours, je n'ai pas rencontré un seul Marocain nostalgique de l'ancien roi. En une décennie, le pays a véritablement changé de visage : le nombre de voitures, de grands chantiers, l'accès à internet, la téléphonie mobile, les investissements étrangers, les modes vestimentaires, etc.

Toutefois, deux secteurs "moyennement sains" équilibrent encore l'économie du pays : l'argent rapatrié par les émigrés marocains (9% du PIB) et le tourisme. Le programme Vision 2010 vise à atteindre les 10 millions de visiteurs en cette année (7 millions en 2007, pour la première fois, plus que la Tunisie). Outre les "soucis collatéraux" (1'453 "faux guides" sont passés devant la Justice en 2007), le tourisme est à la base de la crise immobilière de Marrakech et reste un secteur fragile, à la merci d'un possible attentat terrroriste : 32 personnes viennent d'être mises aux arrêts pour probable relation avec une entreprise terroriste s'apprêtant à commettre une série d'attentas au Maroc...

L'optimisme du roi et de la presse officielle puissent-ils déteindre sur les jeunes. Des jeunes qui n'ont qu'un mot en tête : chômage. Et peu d'intérêt pour la politique, sinon la politique migratoire de l'eldorado européen.

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