En 1952, Benjamin Higgins, économiste de l'ONU, s'exclamait : “si la Libye parvient à un niveau de croissance correct, n'importe quel pays au monde peut y parvenir”. Les exportations se limitaient alors à la ferraille récupérée sur les champs de la deuxième guerre.
En 1959, du pétrole jaillit en Cyrénaïque. En une décennie, le revenu annuel moyen passe de 25 à 2'000 dollars par tête.
Au début des années 70, le prince héritié de Dubaï, en visite à Tripoli, exprimait le voeu que son pays atteigne un jour “un tel niveau de développement”...
... puis l'appel à l'autosuffisance de 1977, les répressions et les exils de 1978-88,
la guerre tchadienne de 1980-87, les attentats de 1984-88,
l'embargo américain et les sanctions de l'ONU.
"ELDORADO LIBYEN" ? Kadhafi venait d'annoncer l'abandon de son programme d'armement nucléaire, lorsqu'en 2004, l'Union européenne levait l'embargo commercial contre la Libye. Le pétrole représente aujourd'hui 95% des exportations de cette dernière. Et seul un quart du territoire a été prospecté ! Les Libyens jouissent d'une faible taxation et de tarifs douaniers dérisoires. En outre, Kadhafi multiplie les appels d'offre aux entreprises étrangères. Depuis deux ans, toute le pays est en chantier. Les Libyens peuvent emprunter à taux cassé et des dizaines de grands travaux seront (devraient être) inaugurés le 1er septembre 2009, jour du quarantième anniversaire de la Révolution.
Partout (surtout à l'étranger), on parle de "Miracle libyen" ou de "Nouveau Dubaï". Dans les faits et sur place, on est moins enthousiaste. Parmis les raisons invoquées :
- L'économie libyenne est toujours centralisée et reste la propriété de quelques familles. Kadhafi & Co.
- Le système bancaire et l'administration sont archaïques. Le voir pour le croire.
- Les cadres juridiques sont imprévisibles. Kadhafi peut du jour au lendemain décider de fermer ses frontières, comme il l'avait fait pendant trois semaines il y a trois ans.
- Les étrangers ne peuvent être propriétaires d'un bien immobilier ou d'un terrain.
- Toute entreprise doit contenir 30% de part libyenne...
Conclusions. Dans le désordre. L'ouverture habite volontiers les discours. L'ouverture ne s'achète pas et le pétrole est avant tout une matière qui pue. Les clips libanais, les touristes italiens et la main d'oeuvre égyptienne sont une chose. Dubaï en est une autre. Bref, nombreux sont ceux qui attendent la relève, Kadhafi II, Seïf al-Islam, le fils du père.