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SYRTE : Etats unis d'Afrique ou d'Amérique ?

1554957008.jpgPour annoncer la ville natale de Kadhafi, un pont immense en travers de la route pour relier deux petits villages, une allée de lampadaires gigantesques le long d'une route non habitée et des affiches géantes qui se souviennent de deux glorieuses journées. “1.9.69” : mise au pouvoir de Muammar Kadhafi, alors âgé de 27 ans. “9.9.99” : création à Syrte des Etats Unis d'Afrique (EUA).

109479456.pngSYRTE PANAFRICAINE En 1999, l'ex village de Syrte devient donc la capitale panafricaine. En réalité, Kadhafi cherche toujours à convaincre ses homologues africains de créer une monnaie unique et former une seule armée de 2 millions de soldats panafricains. Le colonel a beau porter un badge africain sur son uniforme, “ses” EUA stagnent. L'expulsion annoncée des immigrés clandestins sub-sahariens n'arrange rien.

530532541.JPG Imaginée dans un cabinet d'architectes, la ville de Syrte manque d'âme. Elle rappelle la Chandigarh indienne de notre Corbusier national. Elle désappointe. Aucun centre, aucune place, aucun souk, une seule artère de plusieurs kilomètres, la Sharia al-Jamahiriya (rue de l'Etat des masses), qui débute par l'impressionant Congrès Général du Peuple et se poursuit par une lignée de commerces vitrés (photo), dont certains proposent d'affriolantes tenues féminines que personne dans la rue ne peut porter, sinon des collègiennes déguisées en clip MTV. Derrière d'autres commerces vitrés, la vielle bûche750856129.JPG et le hâchoir du boucher, un élevage de pigeon ou un raccomodeur assis sur le sol. Syrte est une belle coquille vide qui rappelle certaines artères américaines. Aucun piéton, mais des pick-up Toyota et de petites asiatiques qui font des dérapages sur la route ensablée. Il y a encore le plastique sur les sièges. Des salles de fitness. Musclor sur la pancarte. Une imitation de Mc Donald's (photo), encore persona non grata en Libye.

LE "LUXE" DU DESERT A la nuit tombée, Syrte vit dans les cafés et regarde des clips égyptiens pour surprendre des chanteuses sexys qui igorent que leurs atouts artistiques ont ici le r546282161.JPGôle social se soupape contre l'ennui et l'interdit. Je rejoins l'assemblée. Belhaj s'en fout des Egyptiennes. Il a 24 ans et étudie la chimie (en Libye, cela veut dire “pétrochimie”). Il est de Waddan, à 200 kilomètres plus au sud, et aime le désert. Son père l'a envoyé à Syrte, parce qu'à Tripoli, “il y a trop de filles faciles”. Belhaj n'appartient pas à Syrte : “Ici, il n'y a que l'argent et les voitures. Moi, je marche en sandale et n'ai qu'un vieux téléphone portable.” Signe qui ne trompe pas en Libye, il fume des Capital à 75 dinars le paquet. La “haute” ne fume que des Marlboro à 250 dinars. Belhaj rêve d'Europe, mais son père a préféré garder son passeport à la maison. Ce qu'il y a à faire à Syrte ? Internet, prière ou shisha. On retient la dernière option. Au Café Niamey (photo), un beamer pour films américains, un portrait de Kadhafi jeune, des lampes à pétrole “comme dans le désert”, des serveurs égyptiens et une agréable discussion entre deux exilés.

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