C’est le titre de l’actuelle exposition au Musée romain de Vidy. Il fait bon y pedzer, ça vous remet de l’acouet, riguenette assurée !
Faites l’exercice. Citez une personnalité et un objet qui représentent selon vous cette prétendue « vaudoisitude ». Ce badadia de Bastien Baker a par exemple choisi Wawrinka, Guisan, la tomme et le papet. Qu’ont répondu Guy Parmelin, Miss Suisse 2015 et Nuria Gorrite ?... Réponse sur place.
Première leçon de cette exposition, les Vaudois aiment se zieuter le bourillon et sont les champions du monde de l’autoportrait. Les parois de la première salle sont ainsi intégralement tapissées de couvertures de livres portant sur l’identité vaudoise (beaucoup portent la griffe de l’éditeur birolan Eric Caboussa).
Deuxième leçon, une image commune du Vaudois existe bel et bien. Un même patrimoine matériel - chasselas, botte-cul, saucisse aux choux – et immatériel – ni pour, ni contre, ça veut déjà jouer, on arrivera ensemble à Nouvel An, etc.
Là où l’exposition fait du bien, c’est quand justement elle malmène ces « vaudoiseries » qui branlent au manche et feront bientôt cupesse ! Car derrière ce légendaire peuple de terriens, derrière Davel (dont tout le monde se contrefoutait au XVIIIème siècle) ou Ramuz (Parigot d’adoption pendant douze ans) se profilent les enseignes de Leclanché, Logitech, Kudelski, Nestlé, l’EPFL, les destins de Bertrand Piccard, Jack Rollan, Frédy Girardet, Jean-François Bergier, Claude Nicollier, et pourquoi pas d’Yvette Jaggi, Yvette Théraulaz et Alice Rivaz, puisque Vaud a été le premier canton à offrir le droit de vote aux femmes ! Il est aujourd’hui celui qui naturalise le plus, il a franchi le cap des 30% d’étrangers, et son Conseil d’Etat ne compte qu’un seul Vaudois « de souche » !
Cette exposition fait surtout preuve d’autodérision et de malice, présentant le prototype d’une machine à arrondir les angles, un extrait d’une théorie de match du FC Saint-Barthélémy, des parodies artistiques, faisant de Baudelaire l’auteur des Fleurs du pas tant bien, ou des pastiches d’affiches de film : Et Dieu créa… le gouvernement.
On reconnaît là la patte de cette chenoille de Laurent Flutsch, directeur du musée, qui a su pour le coup s’entourer d’une jeune doctorante en sociologie, Séverine André. Ces deux co-commissaires seront ce dimanche à Morges au Livre sur les Quais !