Pour les Marocains, l'Algérie est un champ de bataille sur lequel vivent de dangereux terroristes. Pour les Algériens, les Tunisiens sont de cupides opérateurs touristiques ultralibéraux à la botte de l'Europe. Les Tunisiens ne retiennent des Libyens que ceux qui passent la frontière pour s'ennivrer dans les maisons de passe... Et pas sûr qu'en reprenant la route, dans l'autre sens, je trouve de meilleurs résultats!
Rabat n'est pas la capitale de L'Union du Maghreb arabe (qui réunit, depuis 1989, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie). La capitale du Maghreb vient d'ouvrir à Benghazi.
Au restaurant Caram Arabi, le caissier est libyen (tout à gauche). Il veut savoir comment il est possible d'obtenir un visa pour la Suisse. Au fourneau s'active un jeune Tunisien qui ne supporte plus de ne vivre en Libye qu'entre hommes. Le serveur est un élégant Marocain (tout à droite) qui s'est établit à Benghazi avec sa famile en 1982 et s'y plaît.
Au Caram Arabi, les vannes fusent, on s'apostrophe, on se tape sur l'épaule, on passe du bon temps et le restaurant ne désemplit pas. Au siège de l'Union du Maghreb, à Rabat, on désespère. L'Union a bientôt vingt ans, ne marche toujours pas et ne fait rien d'autre que coûter de l'argent. Peu d'argent il est vrai (1.85 millions de dollars par an), mais pour très peu de résultats: "les échanges commerciaux entre les pays de l’Union n’excèdent pas 2% du volume de leur commerce extérieur", vient d'admettre le président algérien Bouteflika (Al Arabiya, 13.4), sans trop s'attarder sur la fermeture de la frontière algéro-marocaine.
L'Union du Maghreb, ce grand bateau sur cales, est un sigle, rien qu’un sigle (photo). Et bien plus petit que l'enseigne du Restaurant Caram Arabi.