Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Guerre en mer Méditerranée

Le 3 octobre dernier, le naufrage d’une embarcation clandestine faisait au moins 359 morts à Lampedusa. La veille, l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) annonçait la fermeture à Gland de son abri de protection civile. 

La première nouvelle a suscité des vagues d’indignation, de honte, de colère et des images crues au TJ.

La seconde, il faut l’avouer, a plutôt réjoui la région. Cette année, plus que 140 requérants entraient dans le canton chaque mois, contre 188 l’an dernier ; et 106 requérants le quittaient, contre 76 en 2012 et 58 en 2011. Sur ce petit bout d’Europe, la rive nord de la Méditerranée avait semble-t-il remporté une bataille.

555916-drame_de_lampedusa_nouveau_bilan_22439_hd.jpgCar c’est bien d’une guerre dont il est question. Pas une guerre totale comme celle qui avait vu les Alliés bombarder l’île de Lampedusa lors du débarquement de Sicile. Non, une guerre larvée, invisible, terriblement meurtrière (4’000 migrants morts en Méditerranée depuis 2009) et bien plus inégale que celle de 39-45, puisqu’elle lance des civils à mains nues contre des détecteurs de CO2 et de battements cardiaques, des drones aérien, terrestres, maritimes, tout l’attirail de Frontex, une agence européenne crée en 2005 qui a vu son budget multiplié par 15 ces cinq dernières années.

Une guerre durant laquelle l’ennemi sudiste meurt de noyade, de soif, de faim, de froid, étouffé dans des camions, assassiné, écrasé ou suicidé. Une guerre qui interdit aux pêcheurs nordistes de Lampedusa de secourir l’ennemi, à cause d’une loi établie en 2009 qui décrète « le délit d'immigration clandestine »...

En 2008, j’étais à Zuara, la ville libyenne d’où partent les bateaux pour Lampedusa. On y trouvait des plages de sable blanc, des quads, des jet-ski… et des opportunistes qui y faisaient déjà fortune grâce au trafic de migrants (2'000 euros le passage).

L’accident du 3 octobre n’est pas une tragédie, c’est un choix politique et économique. Il y a des responsables parmi les nordistes et les sudistes, comme pour chaque guerre.

Alors que faire ? Ouvrir toutes les frontières, comme le préconise cet allumé de Cohn-Bendit ? Investir dans le développement du continent africain comme on le fait depuis 50 ans ? Organiser un sommet sur la migration, un de plus ? Manifester en s’allongeant dans des sacs en plastique noir sur le parvis du Trocadéro à Paris ?

Il faut avant tout redonner une allure humaine à ces 359 morts. Ils ne sont pas les zombies recroquevillés que nous ont montrés les médias, mais des êtres souvent éduqués, bien entourés, qui ont eu le courage de vouloir vivre plus dignement.

Il faut surtout se souvenir qu’en ce moment, la Jordanie accueille un demi-million de réfugiés syriens et le Liban près d'un million (pour quatre millions d'habitants !).

Les commentaires sont fermés.