Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Capucine aujourd'hui

    C’était le 4 octobre dernier. Pour fêter sa fin des travaux et sa réouverture la salle Métropole à Lausanne programmait Morrissey, ex-leader du groupe The Smiths, une légende du rock indépendant.

    Et surprise. Avant la reverbe des premiers accords de «How Soon is Now ?», le chanteur choisit de dédier cet hymne des Smiths à…


     

  • Les secondes de Snapchat, les siècles de Vionnet

    vionnet paul.jpgDix secondes, durée de vie des images partagées sur l’application smartphone «Snapchat».

    Un siècle et demi, celle des clichés d’un pionnier suisse de la photographie, l’Aubonnois Paul Vionnet.

    L’Arsenal de Morges vient d’exploser. On est le 2 mars 1871. Un homme, la quarantaine, se hâte lentement. Il installe son attirail devant une lignée de canons couverts de cendres. Il recommence deux, trois, cinq, six, dix fois, il obtient enfin le bon éclairage, du relief, de la netteté.

    Manque sur la photo suivante le député Louis Buchet, parti pour la frontière. La guerre franco-allemande fait rage, on est en 1870. Le reste de la famille Buchetd’Etoy prend la pose. La mère, le frère, la sœur, le fils, et tout à gauche, moustache en V et costume trois pièces, Auguste, le fondateur de l’Institution L’Espérance.

    Ces deux clichés - au gélatino-bromure d’argent, sur papier albuminé - sont exposés en ce moment au Musée de l’Elysée, à Lausanne. Deux pièces issues de la Collection iconographique vaudoise, fondée par Paul Vionnet.

    MEL_VIONNET_Paul_Pont_Chaudron.jpgCe natif d’Aubonne est pasteur, il prêche à Pampigny, à Etoy. Au spirituel, il joint le matériel,il se passionne pour la photographie. A 12 ans, il prend ses premiers daguerréotypes. A 19 ans, il fabrique son propre appareil.Négatifs sur verre au collodion, tirages albuminés, aristotypes, cyanotypes. Plus scientifique qu’artiste, il immortalise ses amis, son village, sa cure, des vaches, un châtaignier, il tire le portrait de son père et un autoportrait (le premier selfie du district est né à Etoy en 1849 !). Il documente le patrimoine cantonal, comme la construction du Pont Chauderon (il grimpera aux échafaudages jusqu’à l’âge de 80 ans !). Il laisse un millier de négatifs…

    Vertige, entre deux époques.

    Se pratique aujourd’hui volontiers l’art phonéographique, comprenez : la photographie avec un téléphone. Les ados raffolent de «Snapchat», une application de partage d’images, qui les fait disparaître après quelques secondes. Chaque jour, 200 millions de photos sont ainsi échangées, puis supprimées…

    Ephémères, à usage unique. Succession, juxtaposition, jamais fixation.

    Devant moi, et depuis un siècle et demi, la famille Buchet prend la pose. Les yeux du père m’interrogent : Quel visage aura ton canton… dans 150 ans ?

     

  • La salamandre et le bol de cornichons

    La pluie efface la ligne blanche, la buée condamne le pare-brise, les essuie-glaces font ce qu’ils peuvent. Pas un chat, la nuit rien que pour nous. Suivre Vernier, Meyrin, Satigny, Russin, Dardagny, une petite route à gauche, ralentir, ne pas les écraser (les pneus sont leur pire prédateur), garer chez le vigneron Stéphane Gros, autoproclamé « L’ami Gros », mettre les bottes, la lampe frontale et filer dans la nature.

    Ailleurs, il faut chercher longtemps. Ici, quelques mètres suffisent, on a su ne pas polluer le ruisseau des Charmilles, et la voici, notre première salamandre tachetée !

    Son corps noir, ses taches jaunes, un vrai jouet d’enfant. La peau épaisse, huileuse. Une démarche lente, pataude. Elle ne craint pas les prédateurs, comme le hérisson et ses piquants, comme la tortue et sa carapace. Elle a juste derrière les yeux de petits points noirs, ce sont des glandes à poison. De face, elle a une tête de grenouille. Je suis un batracien, pas un reptile !, semble-t-elle dire, mais elle ne dit rien, car contrairement à ses cousins les crapauds, elle ne fait pas de bruit.

    La seconde salamandre est visiblement enceinte. La troisième est toute petite, probablement née dans l’année. La quatrième et la cinquième se promènent, elles chassent l’araignée, le ver de terre. Elles relèvent exagérément les pattes pour enjamber les feuilles d’automne.

    La sixième, la septième, il faut profiter. Au premier gel, elles hiberneront.

    La huitième. Animal mythique que l’on croyait résistant au feu. La vérité est moins romantique : on a simplement dû en voir une, surprise alors qu’elle hivernait dans du bois mort, s'échapper d'un foyer de cheminée.

    La neuvième. Animal mythique, surtout en Suisse romande, où elle a donné son nom à une revue.

    La dixième. Animal mythique figurant sur l’emblème royal du roi François Ier, et sur la liste rouge des espèces menacées…

    IMG_6100.jpgLe chant du ruisseau, de la pluie. La silhouette des arbres, comme dessinée à l’encre de Chine. Et soudain… tiens… une salamandre… toute jaune.

    De dieu de dieu ! Pour « L’ami Gros », c’en est une, de découverte ! Il n’y croit pas. Je lui montre une photo sur mon téléphone. Il n’en avait jamais vu de pareille !

    Pour le coup, il cesse son va-et-vient entre le pressoir et les cuves, il cesse aussi de râler contre les drosophiles, et nous serre son merveilleux pinot noir, la cuvée « Salamandre Tachetée », étiquette élégante, noire comme la nuit, des taches suggestives rappelant le corps en mouvement d’une salamandre, 2012, le millésime gravé sur le dessus du bouchon.

    Hilare, il nous montre sur son téléphone la vidéo Youtube d’un ami vigneron qui prouve qu’il est possible de boire du chasselas vaudois avec un plat valaisan. En le versant dans un bol de cornichons…

    Je m’en fous, j’ai vu une salamandre toute jaune.